Colloque international pluridisciplinaire - Gap (Hautes-Alpes, France) 7-9 juillet 2005
Deuxièmes Journées Internationales sur l'InterCompréhension Européenne

Efficience de l'intercompréhension : Approche holistique



Résumés

(le résumé est présenté dans la langue de l'intervention)


Réflexions sur quelques formes de compréhensions approximatives
Claire Blanche-Benveniste (France)
Université de Provence & Ecole Pratique des Hautes Etudes - Paris

L'expérience des corpus de langue parlée montre que, dans un grand nombre de situations, les interlocuteurs se contentent de communiquer entre eux avec une assez grande marge d'approximation. Lorsqu'ils prennent la parole sans avoir préparé leurs interventions et qu'ils rencontrent les difficultés bien connues à trouver les “ mots justes ” pour fournir les “ bonnes dénominations ”, ils utilisent diverses procédures d'approximations lexicales. Dans l'expérience EuRom4, nous avons récupéré cette notion d'approximation pour en faire un outil de base dans le développement des capacités à développer l'intercompréhension à travers des langues différentes. Cette communication examinera le statut de l'approximation dans les stratégies d'intercompréhension.


Interscandinavian comprehension from different angles
Ulla Börestam (Suède)
Université d'Uppsala

At the present time, Denmark, Norway and Sweden have a combined population of roughly 18 million people, the majority of which have Danish, Norwegian or Swedish as their native languages. Also in Finland part of the population has Swedish as their mother tongue.
As these neighboring languages are so similar, the speakers are generally said to constitute a Scandinavian language community, which makes it possible for them to use their own native language when conversing with other Scandinavians. This type of receptive bilingualism is often referred to as semicommunication (in accordance with Haugen 1972 [1966]).
Empirical investigation of Nordic language comprehension was introduced in the 1950s, mostly consisting of attempts to measure intercomprehension. The most influential study was made 1976 by Øivind Maurud, and it has now been repeated by Lars-Olof Delsing, University of Lund. According to the 1976 study, Norwegians were most skilled at understanding their neighbors; Danes followed the Norwegians, while Swedes fare worst of all, at least when it came to the Danish language. In general, written language was better understood than spoken language. The result of Delsings study will be published during the first half of 2005, so I will be able to give a presentation of Interscandinavian comprehension that brings us up to date.
In my paper I will also present some of the research I am myself more directly involved in. It includes the following projects :


How the languages we speak shape the ways we think
Lera Boroditsky (Etats Unis d'Amérique)
Université de Stanford

Do people who speak different languages think differently about the world ? Does learning new languages change the way you think ? Do polyglots think differently when speaking different languages ? I will present several lines of cross-linguistic experiments illustrating how the languages we speak shape the way we attend to, represent, and remember our experiences in the world. The results suggest that the private mental lives of people who speak different languages differ much more than previously thought, and that learning new ways of talking can lead to new ways of thinking.


De la linéarité objective de la parole à une linéarité fonctionnelle des textes
Françoise Canon-Roger & Jean-Emmanuel Tyvaert (France)
Université de Reims Champagne-Ardenne

Ce qui importe en lecture complète (visuelle et interprétative), c'est le mouvement (linéaire) de lecture qui constitue une “ superposition de séquences locales liées linéairement” (d'où l'importance des effets de vitesse, et surtout de modification de vitesse comme accélérations diverses).
On se propose de penser la caractéristique de linéarité des textes pour elle-même, au-delà d'un effet de la linéarité de la parole. De la même façon qu'un texte est lu (au sens de la mobilisation de l'appareil visuel) par sections centrées sur des termes focaux avec perception d'un voisinage gauche et d'un voisinage droit du terme focal (psycholinguistique cognitive), le texte est compris par sections où des informations linéairement agencées sont disponibles et peuvent donc “ coulisser” localement les unes sur les autres (faire le point sur les modes de recollements des sections, et sur les re-lancements de lectures) (voir aussi la description différenciée des séquences: sections, paragraphes, alinéa, phrase, etc.). Les textes doivent être considérés comme des superpositions de séquences de portée variable (mais plutôt courte) où “ filent” des termes qui supportent des informations “ coulissant” sur les informations supportées par les termes voisins.
Rapprochement avec l'analyse phonologique (contrôle des variantes combinatoires, contrôle du découpage syllabique, etc.), avec l'appréhension phono-sémantique (assonances, ruptures, changements de rythme, etc.), avec la théorie de l'acquisition “ en texte” de la bonne définition des termes lexicaux.
Développement d'une conception de la linéarité du texte fondée sur l'affirmation de ce “jeu de coulisses” intervenant selon toute portée et à tout niveau d'analyse, parallèlement à l'axe linéaire du texte en cours de défilement: la linéarité n'est pas seulement la dimension de la trace dans le texte de l'organisation de la parole, mais la dimension proprement textuelle où les indications se combinent localement pour s'ajuster les unes aux autres. Le texte est alors tissé de multiples “ brins locaux ”, tous orientés selon l'axe du texte, se prenant les uns aux autres de façon à assurer la connexité de l'ensemble, à l'image d'une sorte de tresse. Une lecture pourrait être alors un fil abstrait (hors du texte mais propre à chaque lecture) que chaque lecteur ferait courir du début à la fin du texte en fonction des sutures qu' il aura relevé.


Compréhension des textes et des discours en langues apparentées et voisines : participation des ressources lexicales
Eric Castagne (France)
Université de Reims Champagne-Ardenne

Dans le cadre du programme InterCompréhension Européenne dont l'objectif est d'analyser de manière empirique, de développer et d'optimiser l'approche et la gestion de l'information et de la connaissance en multiples langues (pour l'instant, français, espagnol, italien, portugais, anglais, allemand et néerlandais), nous avons considéré qu'avant tout, nous devions exploiter les connaissances déjà à disposition au moins dans notre langue maternelle pour lire dans une autre langue. La première des connaissances repose sur la reconnaissance de transparences entre les langues. Mais que sont les transparences entre plusieurs langues ?
L'objet de cette communication sera de définir la notion de “ transparence ”, et plus particulièrement la notion de “ transparence lexicale ” entre plusieurs langues voisines – espagnol, italien, portugais – ou apparentées - anglais, allemand, néerlandais - pour un lecteur francophone, de proposer une typologie des degrés de la “ transparence lexicale ” - en terme de mots “ directement transparents ”, mots “ opaques ”, mots “ indirectement transparents ” -, et de montrer comment faciliter l'accès aux “ mots indirectement transparents ” afin que leur reconnaissance, accompagnant celle des “ mots directement transparents ”, rende suffisamment conséquente les indications sémantiques pour permettre la compréhension des textes et des discours.


Présentation de la méthode Euromania
Pierre Escudé (France)
IUFM Midi-Pyrénées & Université de Toulouse 2

EUROMANIA est une méthode d'apprentissage disciplinaire en milieu scolaire destinée aux élèves des pays de langue romane de 8 à 11 ans. La compétence visée est l'intercompréhension entre langues d'une même famille. Les savoirs et savoir-faire disciplinaires, communs aux programmes des pays européens dont la langue est concernée (Espagne, France et pays de langue française, Italie, Portugal, Roumanie), sont construits par manipulation de l'ensemble des langues de même famille. Les élèves construisent ainsi des savoirs métalangagiers leur permettant de maîtriser mieux leur langue source. Le scénario didactique global donne des éléments culturels et historiques pour une approche affective des langues romanes. EUROMANIA se décline en un fichier papier, chacun comprenant 18 modules disciplinaires et un CD de sources sons. Un site web offre une importante banque de données interactive pour l'apprenant et le maître.


Exil, pluralité et sens commun : les enjeux sociaux et linguistiques de la compréhension intersubjective
Augustin Giovannoni (France)
Université de Provence

Une philosophie du sens commun est une doctrine qui veut établir la nécessité de reconnaître comme un fait et de poser comme une condition de toute pensée rationnelle qu'il existe un ensemble de croyances soustraites à toute mise en question. Cela veut dire que le fait de l'accord entre les hommes est aussi la condition de l'exercice de certaines activités que l'on peut qualifier de “ pratiques de la raison ”.
Quel est le statut de la thèse posant qu'il existe un sens commun de tout le genre humain ? Est-ce un postulat méthodologique, un principe herméneutique, un principe dialogique ? Sur la base des travaux de Quine, Davidson et Descombes, il est possible d'interroger les dimensions anthropologiques de la question  : comment pouvons-nous arriver à une compréhension des autres cultures ? Ce problème est celui de la compréhension intersubjective.
La communication comporte un deuxième aspect : le travail d'enquête sur le terrain. Il ne s'agit pas de faire communiquer un Ego avec Alter ego dans un milieu indéterminé. Le but d'une expérience, interculturalité, plurilinguisme, etc. est toujours de mettre en correspondance plusieurs cultures, au moins deux systèmes de pensée et d'agir, et finalement deux sens commun : le sens commun du groupe étudié et notre propre sens commun. L'étude des phénomènes d'exil est de ce point de vue éclairante. C'est du conflit entre l'ordre établi et l'excentration de certains groupes sociaux que résultent de nouvelles institutions sociales qui, elles, vont apparaître justes à tous au regard de leur sens commun.


Genres, stratégies et compétences inclus dans les pratiques de lecture utilisées dans l'enseignement supérieur
Erik Hemming, Viveca Lindberg & Ulrika Back (Finlande)
Ecole polytechnique des Iles d'Åland

Le but de l'article présenté est de discuter les différents genres dans la communication écrite que sont supposés maîtriser les étudiants de l'enseignement supérieur. Quels sont les codes, plus ou moins évidents, et quelles sont les conventions et les présuppositions qui peuvent être notés dans les différents genres ? Quelles sont les compétences fondamentales que peuvent utiliser les étudiants ? Comment et pourquoi les textes sont-ils inclus dans les programmes d'études? Que signifie en réalité un traitement professionnel des textes dans les différents secteurs de l'industrie?
Ce type de questions a été traitée pendant quatre années dans le cadre du projet Distributed Exercise, initié par l'Ecole polytechnique des Iles d'Åland en 2000 et dont le but le plus important était d'offrir la possibilité à un certain nombre de professeurs – suivant la méthode d'apprentissage cognitive – d'apprendre à savoir comment assister les étudiants à maîtriser les différentes pratiques de communication écrite dans leurs études.
Le projet était organisé autour de groupes d'étudiants qui pensaient avoir besoin d'aide. Les professeurs travaillaient avec ces étudiants assistés d'un expert focalisant sur l'analyse de :
  1. comment les étudiants avaient relevé le défi des différents exercices de lecture, et
  2. quelles étaient les compétences qu'exigeaient les différents types d'exercices de lecture.


Le plurilinguisme : un problème de diffusion
Pierre Janin (France)
DGLFLF - Ministère de la Culture et de la Communication

(résumé attendu)



L'intercompréhension grec/turc : mythe ou réalité ?
Stavros Karamoudis (Grèce)
Université de la Macédoine de l'Ouest

Le grec et le turc, deux langues totalement différentes, partagent a cause d'une longue coexistence, un vocabulaire commun de 1700 mots environ. Cette liste peut-être encore plus élargie pour les locuteurs hellénophones du Nord, des descendants des réfugiés des deux cotes ou de rares dialectophones.
A partir d'un dictionnaire récent, Dimassi et Nizam, Thessalonique 2004, nous tacherons de proposer un "mini-kit de survie linguistique" garantissant une meilleure intercompréhension ou tout simplement créateur d'une ambiance amicale. Cet outil pourrait être aussi utiliser pour d'autres "paires balkaniques", comme p.ex. serbe-turc, bulgare-grec....


L'approximation dans la relation phonétique / phonologie
Bernard Laks (France)
Université de Paris X Nanterre

Dans le cadre de la compréhension d'une langue à partir de la connaissance d'une langue qui lui est apparentée ou voisine, on peut s'appuyer notamment sur des déformations plus ou moins importantes de la forme phonologique des mots, déformations qui permettent d'envisager autour des mots exacts des chimères susceptibles d'être reconnues du point de vue sémantique.
Le poids des consonnes et des voyelles n'est pas le même dans la tolérance à la déformation, et les modifications consonantiques  (et éventuellement vocaliques) sont évidemment bornées par des voisinages dans les tableaux phonologique (/b/ > /v/ par exemple).
Une analyse en traits pertinents sera conduite avec le but de concevoir une lecture des mots (présentés à l'écrit) qui tolère une imprécision inhabituelle dans l'ordre graphique mais tellement usuelle dans l'ordre phonique, afin de se donner des modes de reconnaissance sémantique plus étendus.


Français-créole : un exemple de virtuosité linguistique
Elvire Maurouard (Haiti-France)
& Ali Abdelfattah (Egypte)
UNESCO

“ Littérature d'expression française ”. Cela, signifie clairement que les écrivains haïtiens désignés s'expriment dans une langue qui ne leur est pas “ maternelle ”, “ natale ”. La création littéraire haïtienne s'instaure dans une situation où, - en appliquant, à la manière d'Henri Gobard, une analyse “ tétraglossique ” - des langues et des langages s'affrontent. Au sein de ces conflits viennent se greffer des disparités entre un langage créole standard propre aux hommes et celui des femmes. Dépassant les tensions, le locuteur haïtien tend aujourd'hui à “ marcher sur ces deux jambes.


Les aspects interculturels de la communication dans le monde des affaires
Ludmila Mešková (Slovaquie)
Université Matej Bel de Banska Bystrica

Le but de cette communication est de renvoyer aux aspects interculturels de la communication. Les cultures des nations sont différentes. Il est nécessaire de prendre en considération les différences culturelles entre partenaires étrangers dans les rencontres professionnelles.
Le rôle des enseignants de langue de spécialité est de préparer les futurs gestionnaires et entrepreneurs non seulement à la communication en langues étrangères (terminologie économique), mais aussi à des rencontres avec des cultures différentes. Notre recherche comparative vise deux niveaux :
  • Le vocabulaire du français des affaires du point de vue des différences culturelles
  • Le comportement des partenaires français et slovaques dans des rencontres professionnelles
Notre recherche comparative sur la terminologie économique et le comportement des français et des slovaques, en tant que représentant d'une nation slave et d'un système politique différent jusqu´ici, nous a amenée à quelques résultats intéressants du point de vue interculturel.
Pour les euromanagers ou les managers multinationaux, la communication interculturelle ainsi que la maîtrise des langues étrangères spécialisées ne devraient plus être une barrière.


La traduction de la terminologie juridique en matière de statut personnel : mariage et divorce (français-arabe, arabe-français)
Hanan Bahey El-Dine Mounib (Egypte)
Université de Rouen & Institut du Monde Arabe de Paris

La relation étroite qu'entretient le droit avec la société et la vie quotidienne des personnes a transformé ce domaine spécialisé en un sujet extrêmement important, voire même indispensable pour l'Homme.
Dans notre communication, nous optons pour une étude terminologique de certains termes arabes et français qui figurent dans les codes des statuts personnels.
La technicité de ce document constitue en elle-même une source de problématiques diverses ce qui touche à fond la diversité culturelle et linguistique, le dialogue avec l'autre ; en un mot, l'Orient et l'Occident qui tissent ensemble la toile des deux faces de la même devise humaine.


Rôle de la littérature et de la traduction littéraire dans l'Interculturel
Ketty Salem (Syrie)
Université d'Alep

Notre communication consiste en une introduction du terrain de rencontre pour le dialogue de l'Orient et l'Occident. En traçant notre objectif, nous définissons rapidement l'Interculturel et la notion de l'Autre, pour parler par la suite de la traduction littéraire et son rôle efficient dans l'espace interculturel. Nous survolerons également l'apport des Arabes à la pensée occidentale et à la littérature et nous évoquerons, bien entendu, les problèmes de la traduction que nous avons puisés de notre expérience personnelle dans ce domaine, sans oublier les problèmes qui découlent de l'Interculturel et quelques suggestions pour y remédier.


Quelle langue parlaient Caïn et Abel ?
Tsvia Walden (Israel)
Ecole Normale Universitaire de Beit-Berl

Et Caïn a dit vers Abel son frère
Et il y a eu quand ils furent dans les champs
Et Caïn s'est dressé vers Abel son frère et il l'a tué
Au commencement 4;8 , traduction de la Genèse par Henri Meschonnic

La Bible nous dit que Caïn adressa la parole à Abel son frère, mais elle nous cache le contenu de son discours. Au cours des années de nombreuses interprétations, notamment dans le Midrach, ont été suggérées afin de compléter l'objet de ce verset.
Certains ont prétendu que les frères s'étaient dit : "allons dans les champs" tout simplement. D'autres ont imaginé une querelle de pouvoir. Quelque soit la lecture proposée, elle assume qu'il y a eu un échange verbal entre eux avant que le meurtre, le premier du genre, ne se soit produit.
Je voudrais proposer l'hypothèse suivante : ils ne se sont pas servis de mots pour s'adresser l'un à l'autre; Caïn et Abel ne parlaient pas la même langue.


Le lexique - reflet et mémoire des relations transculturelles
Gerd Wotjak (Allemagne)
Université de Leipzig

Globalisation / mondialisation, les vrais et les faux amis du traducteur; les convergences et congruences en tant que suites des relations culturelles, commerciales et autres entre l'Allemagne, la France et l'Espagne.


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